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l’empereur grec, et prononça la séparation définitive des Églises ou du moins des empires de Constantinople et de Rome[1]. Les cites libres de la Lombardie oublièrent leur bienfaiteur étranger, et le monarque de Byzance se vit bientôt exposé à la haine de Venise, sans conserver l’amitié d’Ancône[2]. Soit cupidité, soit qu’il se laissât entraîner par les plaintes de ses sujets, il fit arrêter les négocians vénitiens et confisquer leurs effets. Cette violation de la foi publique irrita un peuple libre et commerçant. Cent galères équipées et armées en trois mois, balayèrent les côtes de la Dalmatie et de la Grèce ; mais après des pertes réciproques, la guerre fut terminée par un accommodement peu glorieux pour l’empire et qui ne satisfaisait pas la république. Ce fut à la génération suivante que fut réservée la vengeance complète de ces injures aggravées encore par des injures nouvelles. Le lieutenant de Manuel avait mandé à sa cour qu’il avait assez de forces pour étouffer les révoltes de la Pouille et de la Calabre, mais qu’il ne pourrait résister au roi de Sicile, qui ne tarderait pas à l’attaquer. Sa prédiction se vérifia bientôt ; la mort de Paléologue partagea le comman-

  1. Μηδεν μεσον ειναι λεγων Ρωμῃ τῃ νεοτερᾳ προς την πρεσ‌τβυτεραν παλαι αϖοῤῤαμεισων. (Cinnamus, l. IV, c. 14, p. 99)
  2. Cinnamus raconte dans son sixième livre la guerre de Venise, que Nicétas n’a pas jugée digne de son attention. Muratori rapporte (année 1171, etc.) les récits des Italiens, qui ne satisfont pas notre curiosité.