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mépriser cette mauvaise plaisanterie des pirates de la Sicile, favorisée par un moment d’oubli et de négligence ; mais son courage et ses forces étaient prêts à la vengeance. L’Archipel et la mer d’Ionie furent couverts de ses escadres et de celles de Venise ; cependant, je ne sais combien il faudrait supposer de bâtimens de transport, de navires munitionnaires et de chaloupes, pour accommoder notre raison ou même les calculs de notre imagination à ceux de l’historien de Byzance, qui porte à quinze cents le nombre des bâtimens mis en mer dans cette occasion. L’empereur dirigea cette opération avec sagesse et avec énergie ; George perdit dans sa retraite dix-neuf galères, dont plusieurs tombèrent au pouvoir de l’ennemi. Corfou, après une défense opiniâtre, implora la clémence de son légitime souverain ; et, dès ce moment, le territoire de l’empire ne renferma pas un navire ou un soldat de Roger qui ne fût captif. La prospérité et la santé de ce prince déclinaient ; tandis qu’il écoutait au fond de son palais les messagers qui lui annonçaient une victoire ou une défaite, l’invincible Manuel, toujours le premier au combat, était regardé des Grecs et des Latins, comme l’Alexandre ou l’Hercule de son siècle.

Il réduit la Pouille et la Calabre. A. D. 1155.

Un prince d’un semblable caractère ne pouvait se trouver satisfait d’avoir repoussé un insolent Barbare. Son devoir et le soin de ses droits, peut-être son intérêt et sa gloire, lui ordonnaient de rétablir l’ancienne majesté de l’empire, de recouvrer les pro-