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neurs des prélats orthodoxes, ils censuraient avec amertume ces vanités anti-chrétiennes, et ils réprouvaient même la dénomination d’anciens ou de prêtres, comme une institution de la synagogue. La nouvelle secte se répandit au loin dans les provinces de l’Asie Mineure, situées à l’orient de l’Euphrate. Six de ses principales congrégations représentaient les Églises auxquelles saint Paul avait adressé ses Épîtres. Sylvanus établit sa résidence aux environs de Colonia[1], dans ce district du Pont rendu célèbre par les autels de Bellone[2] et les miracles de saint Grégoire[3] : ce fut là qu’après avoir fui

  1. Il est vraisemblable que Pompée la fonda après la conquête du Pont. Cette ville se trouve sur le Lycus, au-dessus de Neo-Césarée : les Turcs la nomment Coulei-Hisar ou Chonac ; elle est peuplée, et située dans un pays naturellement fortifié. (D’Anville, Géographie ancienne, t. II, p. 34 ; Tournefort, Voyage du Levant, t. III, lettre 21, p. 293).
  2. Le temple de Bellone, à Comana, dans le Pont, était une riche et puissante fondation : le grand-prêtre était révéré comme la seconde personne du royaume. Cet emploi avait été occupé par plusieurs des aïeux maternels de Strabon, qui s’arrête, avec une complaisance particulière (l. XII, p. 809-835, 836, 837), sur le temple, le culte de la déesse, et la fête qu’on y célébrait deux fois chaque année ; mais la Bellone du Pont ressemblait à la déesse de l’amour plus qu’à celle de la guerre.
  3. Grégoire, évêque de Neo-Césarée (A. D. 240-265), surnommé le Thaumaturge ou le faiseur de merveilles. Un siècle après, Grégoire de Nysse, frère du grand saint Basile, publia l’histoire ou le roman de la vie de Grégoire le Thaumaturge.