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gue étendue de côtes[1] : on mit des garnisons dans les forteresses, on assujettit la contrée à un tribut, et la flatterie put assurer avec quelque apparence de vérité, que le glaive de Roger tenait l’Afrique sous le joug[2]. Après sa mort, ce glaive se brisa ; et, sous le règne orageux de son successeur, on négligea, on évacua ou l’on perdit ces possessions d’outre-mer[3]. Les triomphes de Scipion et de Bélisaire ont prouvé que l’Afrique n’est ni inaccessible ni invincible ; mais de grands princes de la chrétienté ont échoué dans leurs armemens contre les Maures, qui peuvent encore se glorifier de la rapidité de leurs conquêtes et de leur domination en Espagne.

Son invasion de la Grèce. A. D. 1146.

Après la mort de Robert Guiscard, les Normands oublièrent soixante ans leurs projets sur l’empire de Constantinople. L’habile Roger sollicita auprès

  1. Pagi a indiqué d’une manière exacte les conquêtes de Roger en Afrique ; et son ami l’abbé de Longuerue a suppléé à ses remarques, au moyen de quelques Mémoires arabes (A. D. 1147, nos 26, 27 ; A. D. 1148, no 16, A. D. 1153, no 16).
  2. Appulus et Calaber, Siculus mihi servit et Afer.


    Inscription orgueilleuse, d’où il résulte que les vainqueurs normands étaient toujours distingués de leurs sujets chrétiens et musulmans.

  3. Hugo Falcando (Hist. Sicilia, in Muratori, Script., t. VII, p. 270, 271) attribue ces pertes à la négligence ou à la perfidie de l’amiral Majo.