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il régnerait sur eux ; mais l’exemple d’un tyran grec et d’un émir sarrasin ne suffisait pas pour justifier son titre de monarque ; et les neuf rois du monde latin[1] pouvaient refuser de le reconnaître jusqu’à ce qu’il eût obtenu la sanction du pape. L’orgueil d’Anaclet accorda avec plaisir un titre que l’orgueil de Roger s’était soumis à demander[2]. [Premier roi de Sicile. A. D. 1130. Déc. 25. A. D. 1139. Juillet 25]Mais son élection à lui-même était contestée ; on avait élu un autre pape sous le nom d’Innocent II, et tandis qu’Anaclet siégeait au Vatican, son rival fugitif, mais plus heureux, était reconnu par les nations de l’Europe. La monarchie de Roger fut ébranlée et presque détruite par l’erreur qu’il avait commise dans le choix de son protecteur ecclésiastique ; l’épée de l’empereur Lothaire II, les excommunications d’Innocent, les escadres de Pise et le zèle de saint Ber-

  1. Les rois de France, d’Angleterre, d’Écosse, de Castille, d’Aragon, de Navarre, de Suède, de Danemarck et de Hongrie. Le trône des trois premiers était beaucoup plus ancien que Charlemagne. Les trois suivans avaient établi le leur par le glaive, et les trois derniers par leur baptême. Le roi de Hongrie se trouvait le seul qui eût eu l’honneur ou l’affront de recevoir sa couronne du pape.
  2. Fazellus et une foule d’autres Siciliens ont imaginé un couronnement antérieur de quelques mois, et auquel le pape et l’empereur n’eurent aucune part (A. D. 1130, mai 1er) ; Giannone le rejette malgré lui (t. II, p. 137-144). Le silence des contemporains renverse cette fable, que ne peut soutenir une prétendue charte de Messine. (Muratori, Annali d’Italia, t. IX, p. 340 ; Pagi, Critica, t. IV, p. 467, 468.)