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au-delà des bornes que fixaient les premiers traités, et il épia avec impatience le déclin de la santé chancelante de son cousin, Guillaume de la Pouille, petit-fils de Robert. À la première nouvelle de sa mort, Roger partit de Palerme avec sept galères, mouilla dans la baie de Salerne, [Duc de la Pouille. A. D. 1127.]reçut, après dix jours de négociation, le serment de fidélité de la capitale des Normands, força les barons à lui rendre hommage, et arracha une investiture des papes qui ne pouvaient plus supporter l’amitié ou l’inimitié d’un vassal puissant ; il respecta le territoire de Bénévent comme le patrimoine de saint Pierre ; mais la réduction de Capoue et de Naples compléta l’exécution des desseins formés par son oncle Guiscard, et il se trouva le maître de toutes les conquêtes des Normands. Fier du sentiment de son pouvoir et de son mérite, il dédaigna les titres de duc et de comte, et la Sicile, réunie à un tiers peut-être du continent de l’Italie, pouvait former la base d’un royaume[1] qui ne le cédait qu’aux monarchies de France et d’Angleterre. Il fut couronné à Palerme, et les chefs de la nation qui assistèrent à son couronnement, avaient sans doute le droit de décider sous quel nom

  1. Un auteur contemporain, qui décrit les actions de Roger, de l’an 1127 à l’an 1135, fonde les titres de ce prince sur son mérite et son pouvoir, sur le consentement des barons et l’ancienne monarchie de la Sicile et de Palerme, sans parler de l’investiture du pape Anaclet (Alexand. cœnobii Telesini abbatis de rebus gestis regis Rogerii, l. IV, in Muratori, Scrip. rerum ital., t. V, p. 607-645).