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de la bataille de Durazzo ; mais la terreur de ses armes ou de son nom, en rappelant précipitamment Robert dans la Pouille, paya suffisamment le présent qu’il avait reçu de l’empereur. Henri détestait les Normands alliés et vassaux de Grégoire VII, son implacable ennemi. Le zèle et l’ambition de ce prêtre orgueilleux avaient rallumé la longue querelle du sacerdoce et de l’empire[1] ; le roi et le pape se déposaient mutuellement, et chacun d’eux avait établi un rival sur le trône de son antagoniste. Après la défaite et la mort du rebelle de la Souabe, Henri passa en Italie pour y prendre la couronne impériale et chasser du Vatican le tyran de l’Église[2] ; mais

  1. Les Vies de Grégoire VII sont ou des légendes ou des invectives (Saint-Marc, Abrégé, t. III, p. 235, etc.), et les lecteurs modernes ne croiront ni à ses miracles ni à ses œuvres magiques. On trouve des détails instructifs dans Le Clerc (Vie de Hildebrand, Bibliothéque ancienne et moderne, t. VIII), et beaucoup d’amusans dans Bayle (Dictionnaire critique, Grégoire VII). Le pape fut sans doute un grand homme, un second Athanase dans un siècle plus fortuné pour l’Église. Me permettra-t-on d’ajouter que le portrait d’Athanase est un des morceaux de mon Histoire. (chap. XXI) dont je suis le moins mécontent ?
  2. Anne, avec la rancune d’un schismatique grec, l’appelle καταπτυσ‌τος ουτος Παπας (l. I, p. 32), un pape ou un prêtre qui mérite qu’on crache sur lui ; elle l’accuse d’avoir fustigé, d’avoir rasé les ambassadeurs de Henri, et peut-être de les avoir privés des organes de la virilité (p. 31-33) ; mais ce cruel outrage est invraisemblable et douteux. Voyez la préface judicieuse de Cousin.