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parent ces deux guerriers à la chenille et à la sauterelle, dont l’une dévore tout ce qui a échappé aux ravages de l’autre[1]. Après avoir gagné deux batailles contre l’empereur, il descendit dans la plaine de Thessalie, et assiéga Larisse, capitale du royaume fabuleux d’Achille[2], qui contenait le trésor et les magasins de l’armée des Grecs. Au reste, on doit des éloges à la fermeté et à la prudence d’Alexis, qui lutta courageusement contre le malheur du temps. Dans la pauvreté de l’état, il osa emprunter les ornemens superflus des églises ; il suppléa à la désertion des manichéens par quelques tribus de la Moldavie ; sept mille Turcs remplacèrent et vengèrent la perte de leurs frères ; les soldats grecs apprirent à monter à cheval, à lancer des traits ; ils s’exercèrent à la pratique journalière des embuscades et des évolutions. Alexis savait, par expérience, que la cavalerie si redoutable des Français ne pouvait ni combattre ni presque se mouvoir à pied[3]. Il or-

  1. Βρο‌υχο‌υς και ακριδας ειϖεν αν τις αυτο‌υς πατερα και υνον (Alexiade, l. I, p. 35). Par ces comparaisons si différentes de celles d’Homère, elle veut inspirer du mépris et de l’horreur pour le méchant petit animal qu’on appelle le conquérant. Malheureusement le sens commun ou la déraison publique contrarient ses louables desseins.
  2. Prodiit hâc Auctor Trojanæ cladis Achilles.


    Virgile (Æneid. II, Larissœus Achilles) autorise la supposition de l’Apulien (l. V, p. 275), qui n’est pas justifiée par les détails géographiques qu’on trouve dans Homère.

  3. L’ignorance a traduit par les éperons les των πεδιλων