Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

secrète avec un noble Vénitien, qui, séduit par l’espoir d’un grand et riche mariage, eut la bassesse de les trahir. Au milieu de la nuit, des échelles de corde furent jetées du haut des murs ; les légers Calabrois les montèrent en silence, et les Grecs furent éveillés par le nom et les trompettes du vainqueur. Cependant ils défendirent trois jours les rues contre un ennemi déjà maître du rempart ; ils se rendirent enfin après un siége de sept mois depuis le moment où la place avait été investie. Robert pénétra ensuite au centre de l’Épire ou Albanie ; il passa les premières montagnes de la Thessalie, surprit trois cents Anglais dans la ville de Castoria, s’approcha de Thessalonique, et fit trembler Constantinople. Un devoir plus pressant ne lui permit pas de suivre ses desseins ambitieux. Le naufrage, les maladies pestilentielles et le glaive de l’ennemi avaient détruit les deux tiers de son armée ; et au lieu des recrues qu’il attendait de l’Italie, de douloureuses missives l’instruisirent des malheurs et des dangers auxquels l’Italie était livrée par son absence, de la révolte des villes et des barons de la Pouille, de la détresse du pape et de l’approche ou de l’invasion de Henri, roi d’Allemagne. [Retour de Robert, et conduite de Bohémond.]Il osa penser que sa présence suffirait à la sûreté de ses états, et repassa la mer avec un seul brigantin, laissant l’armée sous les ordres de son fils et des comtes normands, en exhortant Bohémond à respecter la liberté de ses égaux, et les comtes à obéir à l’autorité de leur général. Le fils de Guiscard marcha sur les traces de son père. Les Grecs com-