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les vaisseaux de son père ; les galères de la république de Venise demeurèrent toute la nuit sur leurs ancres, rangées en forme de croissant ; l’habileté de leurs évolutions, la manière dont ils avaient posté leurs archers, le poids de leurs javelines et le feu grégeois que leur avait prêté l’empereur, décidèrent la victoire de la seconde journée. Les vaisseaux de la Pouille et de Raguse se réfugièrent à la côte ; plusieurs virent couper leurs câbles et tombèrent au pouvoir du vainqueur. Une sortie de la garnison de Durazzo porta le carnage et l’épouvante jusque dans les tentes de Robert : on jeta des secours dans la place, et dès que les assiégeans ne furent plus maîtres de la mer, les îles et les villes maritimes cessèrent de leur envoyer des tributs et des provisions. Une maladie pestilentielle infecta bientôt l’armée des Normands : elle fit périr sans gloire cinq cents chevaliers ; et, en supposant que les morts obtinrent tous des funérailles, on voit, d’après la liste des enterremens, que Guiscard perdit dix mille personnes. Seul, inébranlable au milieu de tant de calamités, tandis qu’il faisait venir de nouvelles forces de la Pouille et de la Sicile, il ébranlait de ses machines de siége, escaladait ou sapait les murs de Durazzo ; mais son industrie et sa valeur rencontraient une valeur égale et une industrie supérieure. Il avait conduit au pied du rempart une tour mobile qui renfermait cinq cents soldats ; la descente de la porte ou du pont-levis fut arrêtée par une