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mands, ou elevés à leur école, étaient le nerf de cette armée composée d’environ trente mille hommes[1] de toute espèce. Cent cinquante navires furent destinés à transporter les soldats, les chevaux, les armes, les machines de guerre et les tours de bois couvertes de peaux non travaillées. Ces bâtimens avaient été construits en Italie, et la république de Raguse, devenue l’alliée de Robert, avait fourni les galères.

Siége de Durazzo. A. D. 1081. Juin 17.

À l’entrée du golfe Adriatique, les côtes de l’Italie et de l’Épire se rapprochent l’une de l’autre. L’espace qui est entre Brindes et Durazzo, connu sous le nom du passage romain, n’a pas plus de cent milles[2] ; en face d’Otrante, il n’en a que cinquante[3], et le peu de largeur du détroit donna

  1. Εις τριακοντα κιλιαδας, dit Anne Comnène (Alexiade, l. I, p. 37), et son calcul s’accorde avec le nombre et la charge des navires, Ivit in Dyrrachium cum XV militibus hominum, dit le Chronicon Breve Normannicum (Muratori, Scriptores, l. V, p. 278). J’ai tâché de concilier ces diverses notions,
  2. L’Itinéraire de Jérusalem (p. 609, édit. Wesseling) indique un intervalle raisonnable et vrai de mille stades ou de cent milles, que Strabon (l. VI, p. 433) et Pline (Hist. nat., III, 16) ont assez étrangement porté au double.
  3. Pline (Hist. nat., III, 6, 16) donne quinquaginta millia à ce brevissimus cursus, et indique la véritable distance d’Otrante à la Vallona ou Aulon (d’Anville, Analyse de sa carte des côtes de la Grèce, etc., p. 3-6). Hermolaus Barbarus, qui y substitue le mot centum (Hardouin, Not.