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Roger acquit, avec le titre de grand-comte, la souveraineté de la plus grande et de la plus fertile des îles de la Méditerranée ; et son administration annonce un esprit libéral et éclairé, bien supérieur à son siècle et à son éducation. Il laissa aux musulmans la liberté de leur religion et la jouissance de leurs propriétés[1] : un philosophe, médecin de Mazara et de la race de Mahomet, qui avait harangué le vainqueur, fut appelé à la cour ; on traduisit en latin sa géographie des sept climats, et Roger, après l’avoir lue avec attention, préféra le livre de l’Arabe aux écrits du Grec Ptolémée[2]. Un reste de naturels

    dit que les Arabes avaient introduit en Sicile l’usage des chameaux (l. I, c. 33) et des pigeons messagers (c. 42) ; que la morsure de la tarentule donne une incommodité quæ per anum inhoneste crepitando emergit ; effet très-ridicule qu’éprouva toute l’armée des Normands, campée près de Palerme (c. 36). J’ajouterai une étymologie qui n’est pas indigne du onzième siècle. Messana est dérivé de Messis, lieu d’où les blés de la Sicile étaient envoyés en tribut à Rome (l. II, c. 1).

  1. Voyez la capitulation de Palerme dans Malaterra (l. II, c. 45), et Giannone, qui parle de la tolérance générale accordée aux Sarrasins (t. II, p. 72).
  2. Jean Léon Afer, De medicis et philosophis Arabibus, c. 14, apud Fabricius, Bibl. græc., t. XIII, p. 278, 279. Ce philosophe se nommait Esseriph Essachalli, et il mourut en Afrique A. H. 516, A. D. 1112. Ceci ressemble beaucoup au shérif Al-Edrisi, qui présenta son livre (Geogr. nubiens. ; voyez la Préface, p. 88, 90, 170) à Roger, roi de Sicile, A. H. 548, A. D. 1153 (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 786 ;