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qui remplissaient son port excellaient dans la théorie et la pratique de la navigation et de l’astronomie ; et on doit à leurs recherches ou à leur bonne fortune la découverte de la boussole, qui nous a donné le moyen de parcourir le globe. Leur commerce s’étendait aux rivages de l’Afrique, de l’Arabie et de l’Inde, ou du moins il embrassait les productions de ces trois pays, et leurs établissemens à Constantinople, à Antioche, à Jérusalem et à Alexandrie, avaient acquis les priviléges de colonies indépendantes[1]. Après trois siècles de prospérité, Amalfi fut subjuguée par les Normands, et saccagée par la jalousie de la république de Pise, Elle ne contient plus qu’un millier de pêcheurs dont la misère peut s’enorgueillir des restes d’un arsenal, d’une cathédrale et des palais de ses anciens négocians[2].

  1. La description d’Amalfi par Guillaume de la Pouille (l. III, p. 267), est très-exacte et assez poétique ; et le troisième vers semble faire allusion à la boussole :

    Nulla magis locuples argento, vestibus, auro,
    Partibus innumeris : hâc pluribus urbe moratur
    Nauta maris cœlique vias aperire peritus,
    Huc et Alexandri diversa feruntur ab urbe
    Regis, et Antiochi. Gens hæc freta plurima transit.
    His Arabes, Indi, Siculi nascuntur et Afri
    Hæc gens est totum prope nobilitata per orbem,
    Et mercando ferens, et amans mercata referre.

  2. Amalfi n’avait qu’un millier d’habitans au commencement du dix-huitième siècle, lorsque Brenckmann la visita (Brenckm., De rep. Amalph., Diss. I, c. 23) ; mais à présent elle en a six ou huit mille (Hist. des Rep. ital., t. I, pag. 304). (Note de l’Éditeur.)