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rapporta de Bagdad la connaissance de la langue et des arts des Arabes, et Salerne profita de la pratique, des leçons et des écrits de l’élève d’Avicenne. Son école de médecine a sommeillé long-temps sous le nom d’université ; mais ses préceptes ont été réduits au douzième siècle en une suite d’aphorismes exprimés en vers léonins ou vers latins rimés[1]. [Commerce d’Amalfi]2o. La ville d’Amalfi, située sept milles à l’ouest de Salerne, et trente au sud de Naples, jadis obscure, déployait alors la puissance et les heureuses suites de l’industrie. Son territoire était fertile, mais de peu d’étendue, et ses habitans profitèrent de leur situation près d’une mer accessible ; ils se chargèrent les premiers du soin de fournir au monde occidental les ouvrages et les productions de l’Orient, et cet utile trafic fut la source de leur opulence et de leur liberté. Amalfi avait un gouvernement populaire, sous l’administration d’un duc, et la suprématie de l’empereur grec ; ses murs renfermaient cinquante mille citoyens, et aucune autre ville n’offrait une quantité si considérable d’or, d’argent et d’objets d’un luxe recherché. Les marins

  1. Muratori fait remonter l’époque de ces vers par-delà l’an 1066, époque de la mort d’Édouard-le-Confesseur, rex Anglorum, à qui ils sont adressés. L’opinion ou plutôt la méprise de Pasquier (Recherches de la France, l. VII, c. 2) et de Ducange (Gloss. lat.), laisse les preuves de Muratori en leur entier. On connaissait dès le huitième siècle l’usage des vers rimés, emprunté des langues du Nord et de l’Orient (Muratori, Antiquit., tome III ; Dissertat., p. 40, p. 586-708).