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qu’on lui proposait ; il abandonna une alliance prêchée par lui-même comme la cause de Dieu, et ratifia les conquêtes passées et futures des Normands. De quelque manière qu’elles eussent été usurpées, [Origine de l’investiture du royaume de Naples que donne le pape.]les provinces de la Pouille et de la Calabre faisaient partie de la donation de Constantin et du patrimoine de saint Pierre : ainsi le don et l’acceptation confirmaient à la fois les prétentions du pontife et celles des Normands. Ils se promirent réciproquement l’appui de leurs armes spirituelles ou temporelles : les Normands s’engagèrent ensuite à payer à la cour de Rome un tribut ou une redevance de douze deniers par charrue, et depuis cette transaction mémorable, c’est-à-dire depuis environ sept siècles, le royaume de Naples est demeuré fief du saint siége[1].

Naissance et caractère de Robert Guiscard. A. D. 1020-1085.

On fait descendre Robert Guiscard[2] tantôt d’un

  1. Giannone (Istor. civ. di Napoli, t. II, p. 37, 49, 57, 66) discute habilement, comme jurisconsulte et comme antiquaire, l’origine et la nature des investitures papales ; mais il s’efforce vainement de concilier les devoirs de patriote et ceux de catholique, et par cette frivole distinction, Ecclesia romana non dedit, sed accepit, il échappe à la nécessité d’un aveu sincère, mais dangereux.
  2. On trouve des détails sur la naissance, le caractère et les premières actions de Guiscard ; dans Geoffroy Malaterra (l. I, c. 3, 4, 11, 16, 17, 18-38, 39, 40), dans Guillaume de la Pouille (l. II, p. 260-262), dans Guillaume Gemeticensis ou de Jumièges (l. XI, c. 30, p. 663, 664, édit. de Camden), et dans Anne Comnène (Alexiade, l. I, p. 23-27 ; l. VI, p. 165, 166), avec les Notes de Ducange (Not. in