Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quaient pas de s’en emparer[1] ; et les chefs seulement coloraient leur cupidité des noms plus spécieux d’ambition et de gloire. Les douze comtes se liguaient quelquefois pour commettre une injustice ; dans leurs querelles domestiques, ils se disputaient la dépouille du peuple ; les vertus de Guillaume disparurent avec lui, et Drogon, son frère et son successeur, était plus propre à conduire la valeur qu’à réprimer la violence de ses égaux. Sous le règne de Constantin Monomaque, le cabinet de Constantinople essaya, moins par bienfaisance que par politique, de délivrer l’Italie de cette calamité permanente, plus fâcheuse qu’un torrent de Barbares[2], et Argyre, fils de Mélo, qu’on chargea de l’exécution de ce dessein, reçut les titres les plus pompeux[3], et

  1. Le biographe de saint Léon IX jette sur les Normands son venin sacré : Videns indisciplinatam et alienam gentem Normanorum, crudeli et inauditâ rabie et plus quam Paganâ impietate adversus ecclesias Dei insurgere, passione christianos trucidare, etc. (Wibert, c. 6). L’honnête Apulien (l. II, p. 259) dit tranquillement de leur accusateur : Veris commiscens fallacia.
  2. On peut tirer ces détails sur la politique des Grecs, la révolte de Maniacès, etc., de Cedrenus (t. II, p. 757, 758), de Guill. de la Pouille (l. I, p. 257, 258 ; l. II, p. 259), et des deux Chroniques de Bari, par Lupus Protospata (Muratori, Script. rer. ital., t. V, p. 42, 43, 44), et par un auteur anonyme (Antiq. ital. med. ævii, t. I, p. 31-35). Cette dernière est un fragment qui a quelque prix.
  3. Argyre reçut, dit la Chronique anonyme de Bari, des