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citoyen intrépide, qu’on descendit du haut des murs, traversa les retranchemens, fit sa commission, et tomba entre les mains des Barbares au moment où il allait rendre le courage à la ville par les bonnes nouvelles qu’il rapportait. Les ennemis lui ordonnèrent de favoriser leur entreprise en trompant ses compatriotes ; des richesses et des honneurs devaient être le prix de sa fausseté ; la sincérité, au contraire, le dévouait à une mort prompte et certaine : il parut se rendre ; mais dès qu’il fut à la portée du rempart, il s’écria à haute voix : « Mes amis, mes frères, ayez du courage et de la patience ; continuez à tenir ; votre souverain sait votre détresse, et vos libérateurs approchent. Je sais le sort qui m’attend, et je confie ma femme et mes enfans à votre reconnaissance. » La fureur des Arabes confirma son témoignage, et ce généreux citoyen fut percé de mille coups ; il mérite de vivre à jamais dans la mémoire des hommes vertueux : au reste ce même trait a été appliqué à différentes occasions, soit des temps anciens ou des temps modernes, ce qui peut jeter quelque doute sur la réalité[1] ; [A. D. 930.]3o. la troisième anec-

    p. 183) est le premier auteur qui rapporte cette histoire. Il la place sous les règnes de Basile et de Louis II ; mais la réduction de Bénévent, par les Grecs, n’eut lieu que dans l’année 891, après la mort de ces deux princes.

  1. Paul Diacre rapporte (De gest. Langob., l. V, c. 7, 8, p. 870, 871, édit Grot.) un fait pareil arrivé en 663, sous les murs de la même ville de Bénévent ; mais il impute aux Grecs eux-mêmes le crime que les auteurs de Byzance attri-