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de leurs lois, aux vertus de leurs ministres, et à la reconnaissance d’un peuple qu’ils avaient délivré de l’anarchie et de l’oppression. Une suite de révoltes dut jeter un rayon de lumière dans le palais de Constantinople, et le rapide succès des aventuriers normands dissipa les illusions entretenues par la flatterie.

Anecdotes.

L’instabilité des choses humaines se faisait tristement sentir dans le contraste qui se trouvait entre l’état de la Pouille et de la Calabre, au dixième siècle de l’ère chrétienne, et celui dont elles avaient joui du temps de Pythagore. À la plus reculée de ces deux époques, la côte de la grande Grèce (tel était alors le nom de l’Italie) était couverte de cités libres et opulentes ; ces villes étaient peuplées de soldats, d’artistes et de philosophes, et les forces militaires de Tarente, de Sybaris et Crotone, n’étaient guères inférieures à celles d’un puissant royaume. Au siècle dont nous écrivons l’histoire, ces provinces étaient en proie à l’ignorance, ruinées par la tyrannie et dépeuplées par la guerre des Barbares ; et peut-être ne devons-nous pas trop sévèrement accuser d’exagération un auteur contemporain qui nous montre un vaste et fertile district dévasté, comme le fut la terre après le déluge universel[1]. Dans l’histoire

  1. Calabriam adeuut, eamque inter se divisam reperientes funditus depopulati sunt (ou depopulârunt) ita ut deserta sit velut in diluvio. Tel est le texte de Herempert ou Erchempert, selon les deux éditions de Caraccioli (Rerum. ital. script.,