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le mérite de la conquête et la gloire du triomphe ; ils vantaient la grandeur de leurs forces, et tournaient en dérision l’intempérance et la paresse d’une poignée de Barbares qui servaient sous les drapeaux du prince Carlovingien. La réponse de celui-ci respire l’éloquence de l’indignation et de la vérité. « Nous avouons la grandeur de vos préparatifs, dit l’arrière-petit-fils de Charlemagne ; vos armées étaient en effet nombreuses comme ces bataillons de sauterelles qui obscurcissent un jour d’été, battant des ailes, et, après un vol de peu d’étendue, tombent à terre, fatiguées et hors d’haleine. Semblables à ces insectes, vous êtes tombés après un faible effort ; vous avez été vaincus par votre propre lâcheté ; vous avez abandonné le champ de bataille pour insulter, pour dépouiller les chrétiens de la côte d’Esclavonie, qui sont nos sujets. Le nombre de nos guerriers était peu considérable, et pourquoi ne se trouvait-il pas plus grand ? parce que, lassé de vous attendre, j’avais renvoyé mon armée, en ne gardant que des soldats d’élite pour continuer le blocus de la place. Si, en présence du danger et de la mort, ils se sont livrés aux plaisirs de leurs festins hospitaliers, ces fêtes ont-elles diminué la vigueur de leurs entreprises ? Est-ce votre frugalité qui a renversé les murs de Bari ? Ces braves Francs, quoique la fatigue et la maladie leur eussent enlevé beaucoup de monde, n’ont-ils pas coupé et vaincu les trois plus puissans émirs des Sarrasins ? La défaite de ces émirs n’a-t-elle pas précipité la chute de la