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les fourches Caudines se trouvèrent encore une seconde fois destinées à cacher une embuscade ; le sang des Africains arrosa une seconde fois les champs de Cannes, et le souverain de Rome attaqua ou défendit de nouveau les murs de Capoue et de Tarente. Une colonie de Sarrasins s’était formée à Bari, qui domine l’entrée du golfe Adriatique ; et, comme ils ravageaient, sans distinction de personnes, les terres des Grecs et des Latins, les deux empereurs irrités se réunirent pour en tirer vengeance. Basile, le Macédonien, le premier de sa race, et Louis, arrière-petit-fils de Charlemagne[1], signèrent une alliance offensive, et chacune des parties fournit ce qui manquait à l’autre. L’empereur grec ne pouvait sans imprudence envoyer combattre en Italie les troupes stationnées en Asie, et les guerriers latins n’auraient pas suffi, si la marine de Byzance n’avait pas été maîtresse de l’embouchure du golfe. L’infanterie des Francs, la cavalerie et les galères des Grecs investirent la forteresse de Bari ; et l’émir arabe, après s’être défendu quatre ans, se soumit à la clémence de Louis qui conduisait en personne les opérations du siége. [Conquête de Bari. A. D. 871.]L’union des deux empereurs les avait rendus maîtres de cette place importante ; mais des plaintes dictées de part et d’autre par la jalousie et l’orgueil, troublèrent bientôt leur amitié. Les Grecs s’attribuaient

  1. Voyez Constantin Porphyrogenète, De thematibus, l. II, c. 11, in vit. Basil., c. 55, p. 181.