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ment de fidélité. Les habitans de Médine promirent au nom de leur ville que si Mahomet était banni, ils le recevraient comme un allié, qu’ils lui obéiraient comme à leur chef, et qu’ils le défendraient jusqu’à la dernière extrémité avec autant de constance que leurs femmes et leurs enfans. « Mais si votre patrie vous rappelle, demandèrent-ils avec une inquiétude flatteuse pour lui, n’abandonnerez-vous pas vos nouveaux alliés ? — Tout est devenu commun entre nous, répondit Mahomet en souriant ; votre sang est mon sang ; votre ruine est ma ruine. L’honneur et l’intérêt nous attachent les uns aux autres. Je suis votre ami et l’ennemi de vos ennemis. — Mais si nous perdons la vie à votre service, quelle sera notre récompense ? ajoutèrent ensuite les députés de Médine. — Le Paradis, répliqua Mahomet. — Étends la main, » s’écrièrent-ils. L’apôtre étendit sa main, et ils renouvelèrent leur serment de soumission et de fidélité. Le peuple ratifia ce traité et adopta unanimement l’islamisme. Les habitans de Médine se réjouirent de l’exil de Mahomet, mais ils tremblaient pour sa sûreté, et ils attendirent son arrivée avec impatience. Après une route périlleuse et rapide le long de la côte de la mer, il se reposa à Koba, située à deux milles de Médine, et il fit son entrée publique seize jours après son évasion de la Mecque. Cinq cents citoyens allèrent à sa rencontre ; et il entendit de toutes parts des acclamations de fidélité et de respect. Il montait un chameau femelle, un parasol ombrageait sa tête, et on portait devant lui un turban déroulé en guise