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ils embaumèrent leurs momies ; ils élevèrent leurs pyramides, afin de conserver l’ancienne demeure de l’âme durant une période de trois mille ans, tentative partielle et inutile : c’est avec des vues plus philosophiques que Mahomet compte sur la toute-puissance du Créateur, dont la seule parole peut ranimer l’argile privée de vie, et rassembler d’innombrables atomes qui ne conservent plus leur forme ou leur substance[1]. Il n’est pas aisé de dire ce que devient l’âme pendant cet intervalle, et ceux qui sont le plus convaincus de sa spiritualité sont bien embarrassés lorsqu’il s’agit d’expliquer comment elle peut penser ou agir sans l’intervention des organes de nos sens.

L’enfer et le paradis.

Le jugement dernier suivra la réunion du corps et de l’âme ; et Mahomet, dans le tableau qu’il en a fait d’après les mages, s’est trop assujetti aux formes et même aux opérations lentes et successives d’un tribunal humain. Ses intolérans adversaires l’accusent d’avoir étendu jusqu’à eux-mêmes l’espoir du salut, d’avoir soutenu l’hérésie la plus criminelle, en disant que tout homme qui croit en Dieu

    triote sir John Marsham (Canon. chron., p. 46). Le Αδης du même écrivain (p. 254-274) est une esquisse travaillée des régions infernales, telles qu’on les trouvait dans les descriptions imaginaires des Égyptiens et des Grecs, des poètes et des philosophes de l’antiquité.

  1. Le Koran (c. 2, p. 259, etc.) de Sale (p. 32) et de Maracci (p. 97) rapportent un miracle ingénieux qui satisfit la curiosité d’Abraham, et qui affermit sa croyance.