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d’entre les docteurs musulmans imitent la modestie de leur maître, et laissent une sorte de liberté de croyance ou d’interprétation[1]. Ils pourraient répondre que pour prêcher la religion il n’était pas nécessaire de violer l’harmonie de la nature ; qu’une croyance sans mystères n’a pas besoin de miracles, et que l’épée de Mahomet n’était pas moins puissante que la verge de Moïse.

Préceptes de Mahomet, prières, jeûnes et aumônes.

Le polythéisme est accablé et tourmenté de la multitude des superstitions qu’admet sa croyance ; mille cérémonies venues d’Égypte se trouvaient entremêlées dans la substance de la loi mosaïque, et l’esprit de l’Évangile s’était évaporé dans la vaine pompe du culte. Le préjugé, la politique ou le patriotisme déterminèrent le prophète de la Mecque à consacrer les cérémonies des Arabes, et l’usage de visiter la sainte pierre de la Caaba ; mais ses préceptes inspirent une piété plus sainte et plus raisonnable ; la prière, le jeûne et l’aumône, voilà les devoirs religieux du musulman : on lui fait espérer que dans sa route vers Dieu, la prière le portera à la moitié du chemin, que le jeûne le conduira à la porte du palais du Très-Haut, et que les aumônes l’y feront entrer[2]. 1o. Selon la tradition du voyage

  1. Abulpharage (in Specimen, Hist. Arab., p. 17) ; et les autorités les plus respectables citées dans les notes de Pococke (p. 190-194) justifient son scepticisme.
  2. Maracci (Prodromus, part. IV, p. 9-24), Reland (dans son excellent Traité de religione mohammedicâ, Utrecht, 1717, p. 67-123), et Chardin (Voyage en Perse, t. IV,