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min de la vérité et du salut ; mais les chrétiens oublièrent peu à peu les lois et l’exemple de leur fondateur, et Mahomet apprit des gnostiques à accuser l’Église ainsi que la Synagogue d’avoir corrompu le texte sacré[1]. Moïse et Jésus-Christ se réjouirent dans l’assurance de la venue d’un prophète plus illustre qu’eux. La promesse du Paraclet ou de l’Esprit saint fait par l’Évangile, s’est trouvée accomplie dans le nom et la personne de Mahomet[2], le plus grand et le dernier des apôtres de Dieu.

    tudo : expression qui pourrait s’accorder avec l’opinion des docètes ; mais les commentateurs croient (Maracci, t. II, p. 113, 115, 173 ; Sale, p. 42, 43, 79) qu’un autre homme, ami ou ennemi, fut crucifié à la place de Jésus-Christ. C’est une fable qu’ils avaient lue dans l’Évangile de saint Barnabé, et qui a été publiée, dès le temps de saint Irénée, par quelques ébionites (Beausobre, Hist. du manichéismne, t. II, p. 25 ; Mosheim, De reb. Christian. p. 353).

  1. On trouve cette accusation exprimée d’une manière fort obscure dans le Koran (c. 3, p. 45) ; mais ni Mahomet ni ses sectaires n’étaient assez versés dans les langues ou dans l’art de la critique, pour donner à leurs soupçons quelque poids ou quelque apparence de vérité. Au reste, les ariens et les nestoriens ont pu raconter quelques histoires sur ce point, et le prophète ignorant a pu prêter l’oreille aux assertions audacieuses des manichéens. Voyez Beausobre, t. I, p. 291-305.
  2. Entre autres prophéties de l’ancien et du nouveau Testament, dont la fraude et l’ignorance des musulmans ont perverti le sens, ils appliquent à leur prophète la promesse du Paraclet ou du Confortateur, que les montanistes