Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’à la promulgation du Koran[1]. Durant cette époque, disait-il, cent vingt-quatre mille élus, distingués par des faveurs et des vertus, ont reçu quelques rayons de la lumière prophétique ; trois cent treize apôtres ont été chargés spécialement de tirer leurs compatriotes de l’idolâtrie et du vice ; l’Esprit-Saint a dicté cent quatre volumes ; et six législateurs d’un éclat transcendant ont annoncé au monde six révélations successives, où l’on variait les cérémonies d’une immuable religion. Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et Mahomet sont ces six législateurs élevés par gradation, de manière que chacun d’eux est supérieur à ceux qui le précèdent. Il mettait au nombre des infidèles quiconque haïssait ou rejetait l’un d’entre eux. Les écrits des patriarches n’existaient que dans les copies apocryphes des Grecs et des Syriens[2] ; la conduite d’Adam ne lui avait pas donné de droit à la reconnaissance et au respect de ses enfans ; une classe inférieure des prosélytes de la synagogue observait les

  1. Voyez Reland (De relig. Moham., l. I, p. 17-47), Sale (Discours préliminaire, p. 73-86), Voyage de Chardin (t. IV, p. 28, 37, 39, 47), sur cette addition des Persans : Ali est le vicaire de Dieu. Au reste, le nombre précis des prophètes n’est pas un article de foi.
  2. Voyez, sur les livres apocryphes d’Adam, Fabricius, Codex pseudepigraphus, V. T., p. 27-29 ; sur ceux de Seth, p. 154-157 ; sur ceux d’Enoch, p. 160-219 : mais le livre d’Enoch est consacré, à quelques égards, par la citation de l’apôtre saint Jude. Syncelle et Scaliger allèguent en sa faveur un long fragment d’une légende.