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frappant de la généralité des connaissances. Le dialecte vulgaire de la capitale était grossier et barbare ; un style plus correct et plus soigné distinguait la conversation, ou du moins les écrits des ecclésiastiques et des personnes du palais, qui aspiraient quelquefois à la pureté des modèles attiques.

Décadence du goût et du génie.

Dans notre éducation moderne, l’étude pénible mais nécessaire de deux langues mortes consume le temps et ralentit l’ardeur d’un jeune élève. Les poètes et les orateurs de l’Occident ont vu long-temps leur génie entravé par les barbares dialectes de nos ancêtres, si dépourvus d’harmonie et de grâce ; et ce génie, privé du secours des préceptes et des exemples des anciens, se trouvait abandonné à la force naturelle et inculte de leur jugement et de leur imagination. Mais les Grecs de Constantinople, après avoir épuré leur idiome vulgaire, acquéraient le libre usage de la langue de leurs aïeux, le chef-d’œuvre de l’esprit humain ; la connaissance des maîtres sublimes qui avaient charmé ou instruit la première des nations, leur devenait familière ; mais ces avantages ne font qu’augmenter la honte et le blâme qui pèsent sur un peuple dégénéré. Si les Grecs de l’empire tenaient dans leurs mains inanimées les richesses de leurs pères, ils n’avaient pas

    ajouter avec vérité, γλωτταν ειχεν ακριβως Αττικιζο‌υσαν. La princesse connaissait bien les dialogues pleins d’art de Platon, le τετρακτυς ou le quadrivium de l’astrologie, la géométrie, l’arithmétique et la musique. Voyez sa préface de l’Alexiade avec les notes de Ducange.