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des heures d’exil et peut-être de solitude, il composa à la hâte sa Bibliothéque, monument d’érudition et de critique. Il passe en revue, sans aucune méthode, deux cent quatre-vingts auteurs, historiens, orateurs, philosophes et théologiens ; il présente en abrégé leurs récits ou leurs doctrines ; il apprécie leur style et leur caractère, et il juge même les pères de l’Église avec une liberté prudente, qui se laisse souvent apercevoir à travers les superstitions de son siècle. L’empereur Basile, regrettant sa mauvaise éducation, chargea Photius de celle de son fils et de son successeur, Léon-le-Philosophe ; et le règne de ce prince et celui de Constantin Porphyrogenète son fils forment une des époques les plus prospères de la littérature de Byzance. Leur munificence enrichit la bibliothéque impériale des trésors de l’antiquité ; ils en firent, par eux-mêmes et à l’aide de leurs collaborateurs, des extraits et des abrégés capables d’amuser la curiosité du public sans accabler son indolence. Outre les Basiliques, ou le Code des lois, ils propagèrent avec le même soin ce qui avait rapport à l’agriculture et à la guerre, les deux arts destinés à nourrir et à détruire l’espèce humaine : l’histoire de la Grèce et de Rome fut rédigée sous cinquante-trois titres ou chapitres ; mais deux de ces titres

    dernière supposition, quelque incroyable qu’elle paraisse, semble cependant être soutenue par le témoignage de Photius lui-même, οσας αυτων η μνημη διεσωζε. Camusat (Hist. critiq. des Journaux, p. 87-94) expose très-bien ce qui a rapport au myrio-biblon.