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les ennemis de l’antiquité, et les princes de la famille d’Héraclius et ceux de la dynastie isaurienne se déshonorèrent par leur ignorance et leur mépris sauvage pour les lettres[1].

Renaissance de la littérature grecque.

On aperçoit, au neuvième siècle, l’aurore du rétablissement des sciences[2]. Lorsque le fanatisme des Arabes se fut calmé, les califes cherchèrent à conquérir les arts plutôt que les provinces de l’empire ; le soin qu’ils se donnèrent pour acquérir des lumières ranima l’émulation des Grecs : ils secouèrent la poussière de leurs anciennes bibliothéques, et apprirent à connaître et à récompenser les philosophes, qui jusque alors n’avaient eu pour dédommagement de leurs travaux que le plaisir de l’étude et la découverte de la vérité. Le César Bardas, oncle de Michel III, mérita d’être regardé comme le généreux protecteur des lettres, titre qui seul a servi de sauvegarde à sa mémoire et fait excuser son ambition ; il déroba du moins au vice et à la folie quelques parties des trésors de son neveu ; il ouvrit, dans le pa-

  1. L’αλογια de Zonare, et l’αγρια και αμαθια de Cedrenus, sont des expressions énergiques qui peut-être convenaient assez bien à ces deux dynasties.
  2. Voyez Zonare (l. XVI, p. 160 et 161) et Cedrenus (p. 549, 550). Ainsi que le moine Bacon, le philosophe Léon fut traité de sorcier par son siècle ignorant : l’injustice fut moins grande s’il est l’auteur des oracles qu’on attribue plus communément à l’empereur du même nom. Les ouvrages de Léon sur les sciences physiques sont en manuscrit dans la Bibliothéque de Vienne (Fabricius, Biblioth. græc., t. VI, p. 366 ; t. XII, p. 781). Quiescant !