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voir une grêle de pierres sur la tête des infidèles ; et le souvenir de cette délivrance a long-temps été célébré sous le nom de l’ère de l’éléphant[1]. La gloire d’Abdol-Motalleb fut embellie par la félicité domestique ; il vécut jusqu’à cent dix ans, et il donna le jour à six filles et treize fils. Abdallah, celui qu’il aimait le plus, était le jeune homme de l’Arabie le plus beau et le plus modeste : on dit que la première nuit de son mariage avec la belle Amina, de la noble famille de Zahrites, deux cents jeunes filles moururent de jalousie et de désespoir. Mahomet, ou pour être plus exact, Mohammed, le seul fils d’Addallah et d’Amina, naquit à la Mecque quatre ans après la mort de Justinien, et deux mois après la défaite des Abyssins[2], dont la victoire aurait in-

  1. Les premiers germes de cette fable ou de cette histoire se trouvent dans le cent cinquième chapitre du Koran ; et Gagnier (Préface de la Vie de Mahomet, p. 18, etc.) a traduit le récit d’Abulféda, sur lequel on peut chercher des éclaircissemens dans d’Herbelot (Bibl. orient., p. 12) et Pococke (Specimen, p. 64). Prideaux (Vie de Mahomet) dit que c’est un mensonge de l’invention de ce prophète ; mais Sale (Koran, p. 501-503), à moitié musulman, attaque l’inconséquence de cet écrivain, qui croyait aux miracles de l’Apollon de Delphes. Maracci (Alcoran, t. I, part. II, p. 14 ; t. II, p. 823) attribue le prodige au diable, et force les musulmans d’avouer que Dieu n’aurait pas défendu contre les chrétiens les idoles de la Caaba.
  2. Les époques les plus sûres, celles d’Abulféda (in Vit., c. 1, p. 2), d’Alexandre ou des Grecs 882, de Bocht Naser ou Nabonasser 1316 ; nous donnent l’année 569 pour celle