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la liberté et la guerre ; et les Grecs parlent de cette disposition avec une sorte d’étonnement et de frayeur. « Les Francs, dit l’empereur Constantin, sont audacieux et braves presque jusqu’à la témérité ; et leur valeur intrépide est soutenue par le mépris du danger et de la mort. Sur un champ de bataille et dans la mêlée, ils attaquent de front et se précipitent sur l’ennemi sans daigner calculer leur propre nombre. Leurs rangs sont resserrés par les liens solides de la parenté et de l’amitié ; et le désir de sauver et de venger leurs plus chers compagnons est la source de leurs exploits. Ils regardent la retraite comme une fuite honteuse, et la fuite est à leurs yeux une infamie que rien ne peut laver[1]. » Une nation si valeureuse et si intrépide aurait été sûre de la victoire, si de grands défauts n’avaient contre-balancé ces avantages. Le dépérissement de sa marine laissa aux Grecs et aux Sarrasins l’empire de la mer, soit qu’ils voulussent s’en servir pour porter du secours à leurs alliés ou le dégât chez leurs ennemis. Au siècle qui précéda l’institution de la chevalerie, les Français étaient mal habiles dans le service de la cavalerie[2] ;

  1. L’empereur Léon a exposé d’une manière impartiale, dans le dix-huitième chapitre de sa Tactique, les vices et les qualités militaires des Francs (que Meursius traduit d’une manière ridicule par le mot de Galli), et des Lombards ou Langobards. Voyez aussi la vingt-sixième dissertation de Muratori, De antiquitatibus Italiæ medii ævi.
  2. Domini tui milites (disait l’orgueilleux Nicéphore) equitandi ignari, pedestris pugnæ sunt inscii : scutorum