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La servitude avait frappé d’engourdissement l’esprit des Grecs ; au milieu des actes de rebellion les plus audacieux, ils ne s’élevèrent jamais à l’idée d’une constitution libre, et le bonheur public n’avait d’autre appui et d’autre règle que le caractère particulier du monarque. La superstition renforçait encore les chaînes. Lorsque l’empereur était couronné dans l’église de Sainte-Sophie par le patriarche, les peuples juraient au pied des autels une soumission passive et absolue à son gouvernement et à sa famille. Le prince, de son côté, promettait de s’abstenir autant qu’il serait possible des peines capitales et des mutilations ; il signait une profession de foi orthodoxe, et il s’engageait à obéir aux décrets des sept synodes et aux canons de la sainte Église[1]. Mais ses protestations de clémence étaient vagues et indéterminées ; il faisait ce serment non pas à son peuple, mais à un juge invisible ; et si l’on en excepte les cas d’hérésie, sur lesquels le clergé se montrait toujours inexorable, les ministres du ciel étaient prêts à soutenir le droit incontestable du prince et à absoudre les fautes légères du souverain. Ils étaient eux-mêmes soumis au magistrat civil ; un signe du

    ανηπται διοικησιν, και ακαιρον και ματαιον το αχρησ‌τον μετα των χρειαν παρεχομενων συναπτεσθαι

  1. Codinus (De officiis, c. 17, p. 120, 121) donne une idée de ce serment si fort envers l’Église, πισ‌τος και γνησ‌τιος δο‌υλος και υιος της αγιας εκκλησιας, et si faible lorsqu’il s’agit des intérêts du peuple, και απεχεσθαι φονων και ακρωτηριασμων και ομοιων το‌υτοις κατα το δυνατον.