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dans une proportion convenable, à imiter leur souverain ; et lorsque avec leurs robes de soie brodées ils traversaient les rues à cheval, les enfans les prenaient pour des rois[1]. Danielis, cette matrone du Péloponnèse[2], dont j’ai parlé plus haut, dont les soins avaient contribué à commencer la fortune de Basile le Macédonien, voulut, par tendresse ou par vanité, voir son fils adoptif dans toute sa grandeur. Pour faire le voyage de cinq cents milles, de Patras à Constantinople, elle ne trouva pas les chevaux ou les voitures assez commodes pour son âge ou pour sa mollesse : dix robustes esclaves portaient sa litière, et les relais étant très-multipliés, elle en employa trois cents à ce service. Basile la reçut dans le palais de Byzance, avec un respect filial ; il lui accorda les honneurs d’une reine ; et quelle que fût l’origine de sa fortune, les présens qu’elle fit à l’empereur n’étaient pas indignes de la magnificence royale. J’ai déjà décrit les beaux ouvrages du Péloponnèse, en lin, soie et laine, qui firent partie de ce présent ; mais ce qu’il y eut de plus magnifique, ce fut le don de trois cents jeunes gens d’une grande beauté, parmi lesquels se trouvaient cent eunuques[3] : « Car

  1. In equis vecti (dit Benjamin de Tudèle), regum filiis videntur persimiles. Je préfère la version latine de l’empereur Constantin (p. 46) à la version française de Baratier (t. I, p. 49).
  2. Voyez les détails de son voyage, de sa munificence et de son testament, dans la Vie de Basile, par Constantin, petit-fils de cet empereur (c. 74, 75, 76, p. 195-197).
  3. Carsamatium (καρξιμαδες, Ducange, Gloss.) Græci