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et surpassé : les nouveaux bâtimens de Théophile[1] furent accompagnés de jardins et de cinq églises, parmi lesquelles on en distinguait une d’une étendue et d’une beauté remarquable : elle était surmontée de trois dômes ; le comble, d’airain doré, reposait sur des colonnes de marbres d’Italie, et les murs étaient revêtus de marbres de différentes couleurs : quinze colonnes de marbre de Phrygie soutenaient au devant de l’église un portique demi-circulaire, qui avait la forme et était désigné par le nom du sigma des Grecs, et les voûtes souterraines offraient la même construction. Une fontaine décorait la place qui précédait le portique, et des plaques d’argent faisaient la bordure du bassin. Au commencement de chaque saison, on remplissait ce bassin des fruits les plus délicieux, qu’on abandonnait à la populace pour l’amusement du prince. Il jouissait de ce spectacle tumultueux du haut d’un trône étincelant d’or et de pierreries, placé au-dessus d’un escalier de marbre de la hauteur d’une terrasse élevée. Au-dessous du trône étaient assis les officiers de ses gardes, les magistrats et les chefs des factions du cirque ; le peuple occupait les gradins inférieurs, et au devant la place était remplie par des troupes de danseurs, de chanteurs et de pantomimes. Le palais de la justice, l’arsenal et les bureaux environnaient cette place :

  1. Voyez le continuateur anonyme de Théophane (p. 59, 61, 86), que j’ai suivi d’après l’extrait élégant et concis de Le Beau (Hist. du Bas-Empire, t. XIV, p. 436-438).