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dixième siècle, le palais de Byzance, incontestablement supérieur en solidité, en grandeur et en magnificence à tout ce qui existait alors, excitait l’admiration des peuples, ou du moins celle des Latins[1] : mais le travail et les trésors de sept siècles n’avaient produit qu’une grande masse irrégulière ; chaque édifice séparé portait l’empreinte du temps où on l’avait élevé et du goût de son fondateur, et le défaut d’espace put quelquefois fournir un motif au monarque régnant pour renverser, peut-être avec une secrète satisfaction, l’ouvrage de ses prédécesseurs. L’économie de l’empereur Théophile ne se porta pas sur son luxe particulier et ce qui pouvait augmenter l’éclat de sa cour. L’un de ses ambassadeurs, pour lequel il avait une affection particulière, et qui avait étonné les Abbassides eux-mêmes par son orgueil et par ses libéralités, lui rapporta le modèle d’un palais que le calife de Bagdad venait de construire sur les rivages du Tigre. Ce modèle fut sur-le-champ imité

    l. IV, p. 488, 489, Brodæi, ap. Wechel) attribuée à Julien, ex-préfet de l’Égypte, le palais de Byzance était supérieur au Capitole, au palais de Pergame, au bois Rufinien (φαιδρον αγαλμα), au temple d’Adrien, à Cyzique, aux Pyramides, au Phare, etc. Brunck a recueilli (Annalect. græc., t. II, p. 493-510) soixante-onze des épigrammes de ce Julien ; quelques-unes sont piquantes, mais celle-ci ne se trouve pas dans son recueil.

  1. Constantinopolitanum palatium non pulchritudine solùm, verum etiam fortitudine omnibus quas unquam videram munitionibus præstat (Luitpr., Hist., l. V, c. 9, p. 465).