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d’or. On dit que Constantinople paye tous les jours à son souverain vingt mille pièces d’or, qu’on lève sur les boutiques, les tavernes et les marchés, sur les marchands de la Perse et de l’Égypte, de la Russie et de la Hongrie, de l’Italie et de l’Espagne, qui s’y rendent par mer et par terre[1]. » En affaires d’argent, l’autorité d’un Juif est sans doute de quelque poids ; mais comme les trois cent soixante-cinq jours de l’année donneraient une somme de plus de sept millions sterling, je crois qu’il faut retrancher au moins les nombreuses fêtes du calendrier grec. Les trésors amassés par Théodora et par Basile II donneront une idée vague mais brillante des revenus et des ressources de l’empire. La mère de Michel, avant de se retirer dans un cloître, voulut contenir ou dévoiler la prodigalité de son fils ingrat, en donnant un compte fidèle des richesses qui passaient entre ses mains. Ce compte se montait à cent neuf mille livres d’or et en outre trois cent mille livres d’argent, fruits de son économie et de celle de son mari[2]. L’avarice de Basile n’est pas moins célèbre que sa valeur et sa fortune. Il paya et récompensa

  1. Voyage de Benjamin de Tudèle, t. I, c. 5, p. 44-52. Le texte hébreu a été traduit en français par Baratier, cet enfant merveilleux par son savoir, et qui a joint à sa version un volume d’une érudition mal digérée. Les erreurs et les fictions du rabbin juif ne suffisent pas pour contester la réalité de ses Voyages.
  2. Voyez le continuateur de Théophane (l. IV, p. 107), Cedrenus (p. 544), et Zonare (t. II, l. XVI, p. 157).