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origine des malheureux ilotes. [Les hommes libres de Laconie.]Les Romains, et Auguste en particulier, avaient affranchi de la domination de Sparte les cites maritimes, et ce privilége valut à leurs habitans le titre d’Eleuthera ou de Laconiens libres[1]. Au temps de Constantin Porphyrogenète, ils portaient déjà celui de Maniotes, sous lequel ils déshonorent leur amour de la liberté par l’habitude inhumaine de saisir et piller les vaisseaux échoués sur leurs rochers. Leur territoire, qui ne produisait point de blé, mais où l’on recueillait beaucoup d’olives, s’étendait jusqu’au cap Malée ; ils recevaient leur chef ou prince de la main du préteur de Byzance, et un léger tribut de quatre cents pièces d’or était le gage de leurs immunités plutôt que de leur dépendance. Les hommes libres de la Laconie montrèrent l’énergie des Romains, et adhérèrent long-temps à la religion des anciens Grecs. Ils embrassèrent le christianisme par les soins de l’empereur Basile ; mais Vénus et Neptune avaient reçu les offrandes de ces grossiers adorateurs cinq siècles encore après la proscription des divinités du paganisme dans l’Empire romain. [Villes et revenus du Péloponnèse.]Le thème du Péloponnèse comprenait encore quarante villes[2] ; et au dixième siècle, Sparte, Argos et Corinthe pouvaient se trouver à une égale distance de leur antique splendeur et de leur misère actuelle. Ceux qui

  1. Strabon, Geogr., l. VIII, p. 562 ; Pausanias, Græc. Descriptio, l. III, c. 21, p. 264, 265 ; Pline, Hist. natur., l. IV, c. 8.
  2. Constantin, De administr. imperio, l. II, c. 50, 51, 52.