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une description ennuyeuse et imparfaite de cette pompe méprisable, qui infectait l’Église et l’état depuis que l’une avait perdu sa pureté, et l’autre sa force. Au lieu de quelques traditions fabuleuses sur l’origine des villes, de quelques malignes épigrammes sur les vices de leurs habitans, on aurait pu se flatter que la description des thèmes ou des provinces nous offrirait les détails authentiques que le gouvernement seul peut obtenir[1]. Ce sont là les faits que l’historien se serait plu à recueillir ; mais on ne pourra condamner son silence à cet égard lorsque Léon-le-Philosophe et Constantin son fils négligent les objets les plus intéressans, tels que la population de la capitale et des provinces, la quotité des impôts et des revenus, le nombre des sujets et des étrangers qui servaient sous le drapeau impérial. Le traité de l’administration publique présente les mêmes taches ; il

  1. Après avoir observé que les Cappadociens ont d’autant moins de mérite qu’ils sont plus élevés par leur rang et leurs richesses, l’auteur de la Description des provinces adopte l’épigramme qu’on attribue à Démodocus :

    Καππαδοκην ποτ’ εχιδνα κακη δακεν, αλλα και αυτη
    Κατθανε, γευσαμενη αιματος ιοβολο

    La pointe est précisément la même que celle d’une épigramme française. « Un serpent mordit Jean Fréron… — Eh bien ! le serpent en mourut. » Mais comme les beaux esprits de Paris sont généralement peu versés dans l’anthologie, je serais curieux de savoir par où leur est parvenue cette épigramme. (Constantin Porphyrogenète, De themat., c. 2 ; Brunk., Analect. græc., t. II, p. 56 ; Brodœi Anthologia, l. II, p. 244.)