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de général de l’Orient, [Réduction de la Crète.]il réduisit l’île de Crète, et anéantit ce repaire de pirates qui depuis si long-temps bravait impunément la majesté de l’empire[1]. Il développa ses talens dans cette entreprise où les Grecs avaient si souvent trouvé leur honte et leur perte. Il fit débarquer ses troupes au moyen de ponts solides et unis qu’il jetait de ses navires sur la côte. Ce débarquement répandit la terreur parmi les Sarrasins. Le siége de Candie dura sept mois ; les naturels de la Crète se défendirent avec un courage désespéré, soutenu par les fréquens secours qu’ils recevaient de leurs frères d’Afrique et d’Espagne ; et lorsque l’armée des Grecs eut emporté la muraille et le double fossé, ils se battirent encore dans les rues et les maisons de la ville. La prise de la capitale entraîna la soumission de l’île entière, et les vaincus reçurent sans résistance le baptême offert par le vainqueur[2]. On

  1. Malgré l’insinuation de Zonare, και ει μη, etc. (t. II, l. XVI, p. 197), c’est un fait sûr que Nicéphore Phocas subjugua complètement et définitivement la Crète (Pagi, Critica, t. III, p. 873-875 ; Meursius, Creta, l. III, c. 7 ; t. III, p. 464, 465).
  2. On a découvert dans la Bibliothéque des Sforze, une vie grecque de saint Nicon l’Arménien, que le jésuite Sirmond traduisit en latin pour l’usage du cardinal Baronius. Cette légende contemporaine jette un rayon de lumière sur l’état de la Crète et du Péloponnèse au dixième siècle. Saint Nicon trouva l’île nouvellement unie à l’empire des Grecs, fœdis detestandœ Agarenorum superstitionis vestigiis adhuc plenam ac refertam… Mais le missionnaire victorieux, peut-être avec quelques secours terrestres, ad baptismum