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Les factions et la controverse occupaient leur oisiveté. Les rigides sectateurs de Hanbal[1] attentèrent, sous le masque de la piété, aux plaisirs de la vie domestique ; ils pénétrèrent de force dans les maisons des plébéiens et des princes, répandirent le vin qui s’offrit à leurs regards, battirent les musiciens et brisèrent leurs instrumens, deshonorèrent par des soupçons infâmes tous ceux qui vivaient avec des jeunes gens d’une belle figure. De deux personnes réunies dans la même profession, il s’en trouvait généralement une pour et l’autre contre Ali, et les Abbassides furent enfin éveillés par les clameurs des sectaires qui contestaient leurs titres et maudissaient les fondateurs de cette dynastie. La force militaire pouvait seule réprimer un peuple turbulent ; mais qui pouvait satisfaire la cupidité des mercenaires ou maintenir leur discipline ? Les Africains et les Turcs chargés de la garde du calife s’attaquèrent mutuellement, et les émirs d’Omra[2] emprisonnèrent ou

  1. En pareille occasion, leur maître avait montré plus de modération et de tolérance. Ahmed-Ebn-Hanbal, le chef d’une des quatre sectes orthodoxes, naquit à Bagdad A. H. 164, et y mourut A. H. 241. Il combattit et eut à souffrir dans la dispute concernant la création du Koran.
  2. L’emploi de visir avait été remplacé par celui d’émir al-Omra (imperator Imperatorum), titre d’abord institué par Rahdi, et qui passa ensuite chez les Bowides et les Seljukides, vectigalibus, et tributis et curiis per omnes regiones præfecit, jussitque in omnibus suggestis nominis ejus in concionibus mentionem fieri. (Abulpharage, Dynast., p. 199). Elmacin (p. 254, 255) en fait aussi mention.