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de bataille ; l’avant-garde était sous les ordres d’Abbas son fils, qui, dans l’essai de ses premières armes, pouvait triompher avec plus de gloire, ou recevoir un échec avec moins de honte, et le calife avait résolu de venger son injure par une injure pareille. Le père de Théophile était né à Amorium[1] en Phrygie : cette ville, berceau de la maison impériale, avait été distinguée par ses priviléges et ses monumens, et, quelle que fût l’opinion du peuple, aux yeux du souverain et de sa cour, elle n’était guère moins précieuse que Constantinople. Le nom d’Amorium fut gravé sur les boucliers des Sarrasins, et les trois armées se réunirent de nouveau sous les murs de cette cité proscrite. Les plus sages conseillers avaient été d’avis d’évacuer la place, d’en faire sortir les habitans, et d’en abandonner les édifices à la vaine fureur des Barbares. L’empereur prit le parti plus généreux de soutenir un siége et de livrer une bataille pour défendre la patrie de ses ancêtres. Lorsque les armées s’approchèrent, le front de la ligne musulmane parut le plus hérissé de piques et de javelines ; mais de l’un et de l’autre côté l’issue du combat ne

  1. Les anciens géographes font rarement mention d’Amorium, et les Itinéraires romains l’ont oubliée tout-à-fait. Après le sixième siècle elle devint un siége épiscopal, et enfin la métropole de la nouvelle Galatie (Charles de Saint-Paul, Geograph. sacra., p. 234). Cette ville s’est relevée de ses ruines, du moins si on lit Ammuria au lieu d’Anguria dans le texte du géographe de Nubie (p. 236).