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la paix, mais parce que la détresse et la misère des temps ne permettaient pas de semblables soins. Léon répara les murailles autant que ses faibles moyens et la brièveté du temps purent le permettre : quinze tours furent élevées ou rebâties aux endroits qui offraient l’accès le plus facile ; deux de ces tours commandaient les deux rives du Tibre, et on tendit des chaînes sur la rivière, afin d’empêcher les navires ennemis de pouvoir la remonter. Les Romains eurent du moins quelque répit, car ils apprirent que les Sarrasins venaient de lever le siége de Gaëte, et que les vagues avaient englouti une partie des musulmans avec leur sacrilége butin.

Victoire et règne de Léon IV. A. D. 849.

L’explosion de l’orage fut différée, mais ce fut pour éclater bientôt avec plus de violence. L’Aglabite[1] qui régnait en Afrique avait hérité de son père un trésor et une armée : une escadre d’Arabes et de Maures, après un court relâche dans les ports de la Sardaigne, vint mouiller à l’embouchure du Tibre, c’est-à-dire à seize milles de Rome ; leur nombre et leur discipline semblaient annoncer non pas une incursion passagère, mais le projet bien arrêté de conquérir l’Italie. Cependant Léon s’était hâté de former une alliance avec les cités libres de Gaëte, de Naples et d’Amalfi, vassales de l’empire grec ; à

  1. De Guignes (Hist. génér. des Huns, t. I, p. 363, 364), Cardonne (Hist. de l’Afrique et de l’Espagne, sous la domination des Arabes, t. II, p. 24, 25). Ces écrivains ne sont pas d’accord sur la succession des Aglabites, et je ne puis les concilier.