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et approcher d’une ville qui, dans sa dégradation, était encore respectée comme la métropole du monde chrétien. Un peuple tremblant en gardait les portes et les remparts ; mais les tombeaux et les églises de Saint-Pierre et de Saint-Paul, situés dans les faubourgs du Vatican et sur la route d’Ostie, demeuraient abandonnés à la fureur des musulmans. Leur sainteté les avait protégés contre l’avidité des Goths, des Vandales et des Lombards ; mais les Arabes dédaignaient l’Évangile et la Légende, et les préceptes du Koran autorisaient et excitaient leur rapacité. Ils dépouillèrent les idoles du christianisme des offrandes dont on les avait enrichies ; ils enlevèrent de l’église de Saint-Pierre un autel d’argent, et s’ils laissèrent dans leur entier les édifices et les corps des saints qu’on y avait inhumés, il faut l’attribuer à leur précipitation plutôt qu’à leurs scrupules. Dans leurs incursions sur la voie Appienne, ils saccagèrent Fundi, et assiégèrent Gaëte ; mais ils s’éloignèrent des murs de Rome, et leur division sauva le Capitole du joug du prophète de la Mecque. Cependant le même danger menaçait toujours les Romains, et leurs forces ne pouvaient les défendre contre un émir de l’Afrique. Ils réclamèrent la protection du roi de France, qui leur donnait alors des lois ; un détachement des Barbares battit une armée française ; Rome, dans sa détresse, songeait à se remettre sous l’empire du prince qui régnait à Byzance ; mais ce projet pouvait passer pour une rebellion, et les secours qu’on pouvait en attendre étaient éloignés et pré-