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gisme est l’arme la plus tranchante de la dispute. Les écoles des Sarrasins l’employaient avec habileté ; mais comme il sert plus à découvrir l’erreur que la vérité, il ne faut pas s’étonner de voir dans la succession des temps les maîtres et les disciples tourner sans cesse dans le même cercle d’argumens. Les mathématiques ont un avantage particulier ; c’est que dans le cours des siècles elles peuvent toujours faire des progrès, sans jamais avoir de mouvement rétrograde ; mais, si je ne me trompe, les Italiens du quinzième siècle prirent la géométrie au point où elle se trouvait chez les anciens ; et quelle que soit l’étymologie du mot algèbre, les Arabes eux-mêmes attribuent modestement cette science à Diophante, l’un des géomètres de la Grèce[1]. Ils cultivèrent avec plus de succès l’astronomie, qui élève l’esprit de l’homme, et qui lui apprend à dédaigner la petite planète qu’il habite, et son existence passagère. Le calife Almamon fournit les instrumens dispendieux nécessaires

    prédicamens d’Aristote, est celui qu’on trouve dans les Philosophical arrangements de M. James Harris (Londres, 1775, in-8o), qui s’efforce de ranimer l’étude de la littérature et de la philosophie des Grecs.

  1. Abulpharage, Dynast., p. 81-222 ; Bibl. arabico-hispana, t. I, p. 370, 371. In quem (dit le primat des jacobites) si immiserit se lector, oceanum hoc in genere (algebræ) inveniet. On ignore en quel temps Diophante d’Alexandrie a vécu ; mais ses six livres existent encore, et ils ont été expliqués par le Grec Planude et le Français Meziriac (Fabricius, Bibl. græc., t. IV, p. 12-15).