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bandonnaient orgueilleusement à la libre impulsion de la pitié et de la bienveillance.

Leur ancienne idolâtrie.

Les Arabes[1], ainsi que les Indiens, adoraient le soleil, la lune, les étoiles, sorte de superstition tout-à-fait naturelle, et qui a été celle des premiers peuples. Ces astres éclatans semblent déployer au ciel l’image visible de la Divinité ; leur nombre et leur distance donnent au philosophe et même au vulgaire l’idée d’un espace sans bornes ; un caractère d’éternité est empreint sur ces globes qui ne paraissent susceptibles ni de corruption ni de dépérissement ; la régularité de leur marche semble annoncer un principe de raison ou d’instinct ; et leur influence réelle ou imaginaire entretient l’homme dans cette vaine idée que la terre et ses habitans sont l’objet de leurs soins particuliers. Babylone avait cultivé l’astronomie comme science ; mais les Arabes n’avaient d’autre école et d’autre observatoire qu’un ciel clair et une plaine unie. Dans leurs marches nocturnes, ils prenaient les étoiles pour guides ; les Bédouins, excités par la curiosité et la dévotion, avaient appris leurs noms, leurs positions respectives et le lieu du ciel où elles se montraient chaque jour ; l’expérience leur avait montré à diviser en

  1. Tout ce qu’on peut savoir maintenant de l’idolâtrie des anciens Arabes se trouve dans Pococke (Specim., p. 89, 136, 163, 164). Sa profonde érudition a été interprétée d’une manière très-claire et très-concise, par Sale (Discours prélim., p. 14-24) ; et Assemani (Bibl. orient., t. IV, p. 580-590) a ajouté des remarques précieuses.