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tale, et les villes de Malaga, d’Alméria et de Murcie donnèrent le jour à plus de trois cents auteurs ; et il y avait au moins soixante-dix bibliothéques publiques dans les villes seules du royaume d’Andalousie. Le règne de la littérature arabe s’est prolongé l’espace d’environ cinq siècles, jusqu’à la grande irruption des Mongouls, et il fut contemporain de la période la plus ténébreuse et la plus oisive des annales européennes ; mais il paraît que la littérature orientale a décliné depuis que les lumières ont paru en Occident[1].

Leur véritable progrès dans les sciences.

Dans les bibliothéques des Arabes, ainsi que dans celles de l’Europe, la plus grande partie de cette énorme masse de volumes n’offrait qu’une valeur locale et un mérite imaginaire[2]. On y voyait entassés une multitude d’orateurs et de poètes, dont le style était analogue au goût et aux mœurs du pays ; d’histoires générales et particulières auxquelles chaque génération nouvelle apportait son tribut de héros et

  1. Ces anecdotes littéraires sont tirées de la Bibliotheca arabico-hispana (t. II, p. 38, 71, 201, 202), de Léon l’Africain (De Arab. medicis et philosophis, in Fabricius, Bibl. græc., t. XIII, p. 259-298, et en particulier p. 274), de Renaudot (Hist. patriar. Alex., p. 274, 275, 536, 537), et des Remarques chronologiques d’Abulpharage.
  2. Le catalogue arabe de l’Escurial donnera une juste idée de la proportion des classes. Dans la Bibliothéque du Caire, les manuscrits d’astronomie et de médecine montaient à six mille cinq cents, avec deux beaux globes, l’un d’airain et l’autre d’argent (Bibl. arab.-hisp., t. I, p. 417).