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un garde pour chacun d’eux[1]. Entre autres raffinemens d’un luxe merveilleux, il ne faut pas oublier un arbre d’or et d’argent qui portait dix-huit grosses branches, sur lesquelles, ainsi que sur les plus petits rameaux, on apercevait des oiseaux de toute espèce, faits, ainsi que les feuilles de l’arbre, des mêmes métaux précieux. Cet arbre se balançait comme les arbres de nos bois, et alors on entendait le ramage des différens oiseaux. C’est au milieu de tout cet appareil que l’ambassadeur grec fut conduit par le visir au pied du trône du calife[2]. » En Occident, les Ommiades d’Espagne soutenaient avec la même pompe le titre de commandeur des fidèles. Le troisième et le plus grand des Abdalrahman éleva à trois milles de Cordoue, en l’honneur de sa sultane favorite, la ville, le palais et les jardins de Zehra. Il y employa vingt-cinq années de travail et plus de neuf millions sterling ; il fit venir de Constantinople les sculpteurs et les architectes les plus habiles de son siècle ; douze cents colonnes de marbre d’Espagne et d’Afrique,

  1. Lorsque Bell d’Antermony (Travels, vol. I, p. 99) accompagna l’ambassadeur russe à l’audience de l’infortuné Shah Hussein de Perse, on amena deux lions dans la salle d’assemblée, afin de montrer le pouvoir du monarque sur les animaux les plus farouches.
  2. Abulféda, p. 237 ; d’Herbelot, p. 590. Cet ambassadeur grec arriva à Bagdad A. H. 305, A. D. 917. Dans le passage d’Abulféda, je me suis servi, avec quelques changemens, de la traduction anglaise du savant et aimable M. Harris de Salisbury (Philological Enquiries, 363, 364).