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où résidèrent pendant cinq cents ans les califes ses successeurs[1]. On plaça la nouvelle capitale sur la rive orientale du Tigre, environ quinze milles au-dessus des ruines de Modain ; on l’environna d’un double mur de forme circulaire ; et tel fut le rapide accroissement de cette cité, qui n’est plus aujourd’hui qu’une ville de province, que huit cent mille hommes et soixante mille femmes de Bagdad et des villages voisins assistèrent aux funérailles d’un saint chéri du peuple. Dans cette cité de paix[2], au milieu des richesses de l’Orient, les Abbassides dédaignèrent bientôt la modération et la simplicité des premiers califes, et voulurent égaler la magnificence

    Thevenot (part. II, p. 209-212), Otter (t. I, p. 162-168), et Niebuhr (Voyage en Arabie, t. II, p. 239-271), ne l’ont vue que dans sa décadence, et, à ma connaissance, le géographe de Nubie (p. 204) et le juif Benjamin de Tudele (Itinerarium, p. 112-123, par Const. l’empereur, apud Elzevir, 1633), sont les seuls écrivains qui aient vu Bagdad sous le règne des Abbassides.

  1. On posa les fondemens de Bagdad, A. H. 145 (A. D. 762). Mostasem, le dernier des Abbassides, tomba au pouvoir des Tartares, qui le mirent à mort, A. H. 656 (A. D. 1258, le 20 février).
  2. Medinat al Salem, Dar al Salam. Urbs pacis ou Ειρηνοπολις (Irenopolis), selon la dénomination encore plus élégante que lui ont donnée les écrivains de Byzance. Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’étymologie de Bagdad, mais ils conviennent que la première syllabe signifie un jardin en langue persane ; le jardin de Dad, ermite chrétien, dont la cellule était la seule habitation qui se trouvât à l’endroit où l’on bâtit la ville.