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une dépendance de la monarchie d’Espagne. Les vignobles de la Gascogne et des environs de Bordeaux devinrent la possession du souverain de Damas et de Samarcande, et le midi de la France, depuis l’embouchure de la Garonne jusqu’à celle du Rhône, adopta les mœurs et la religion de l’Arabie.

Expédition et victoire d’Abderame. A. D. 731.

Mais ces étroites limites ne convenaient pas au courage d’Abdalrahman ou Abderame, que le calife Hashem avait rendu aux vœux des soldats et du peuple d’Espagne. Ce vieux et intrépide général destinait au joug du prophète le reste de la France et de l’Europe ; et, se croyant certain de vaincre tous les obstacles que lui pourraient opposer la nature ou les hommes, il se disposa, à l’aide d’une armée formidable, à exécuter l’arrêt qu’il avait porté ; il eut d’abord à réprimer la rebellion de Munuza, chef maure, qui était le maître des passages les plus importans des Pyrénées. Munuza avait accepté l’alliance du duc d’Aquitaine ; et Eudes, conduit par des motifs d’intérêt particulier, ou par des vues d’intérêt public, avait donné sa fille, jeune personne d’une grande beauté, à un Africain infidèle : mais Abderame assiégea avec des forces supérieures les principales forteresses de la Cerdagne ; le rebelle fut pris et tué dans les montagnes, et sa veuve envoyée à Damas pour satisfaire les désirs, ou ce qui est plus vraisemblable, la vanité du calife. Après avoir traversé les Pyrénées, Abderame passa le Rhône sans perdre de temps, et mit le siége devant Arles. Une armée de chrétiens voulut secourir cette ville ; on voyait en-