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et les troupes débarquèrent près du palais d’Hebdomon, à sept milles de la place. Durant plusieurs jours elles livrèrent, depuis l’aurore jusqu’à la nuit, des assauts qui se prolongeaient de la porte dorée au promontoire oriental ; et le poids et l’effort des colonnes placées sur les derrières, précipitaient en avant les guerriers de la première ligne ; mais les assiégeans avaient mal jugé de la force et des ressources de Constantinople. Ses murs solides et élevés étaient défendus par une garnison nombreuse et disciplinée. Le courage romain fut réveillé par l’excès du danger qui menaçait la religion et l’empire : les habitans fugitifs des provinces conquises, qui s’y étaient réfugiés, renouvelèrent avec plus de succès les moyens de défense employés à Damas et à Alexandrie, et les Sarrasins furent épouvantés de l’effet extraordinaire et prodigieux du feu grégeois. Cette opiniâtre résistance les détermina à se tourner vers des entreprises plus aisées ; ils pillèrent les côtes d’Europe et d’Asie qui bordent la Propontide ; et après avoir tenu la mer depuis le mois d’avril jusqu’à celui de septembre, ils se retirèrent à quatre-vingts milles de la ca-

    les Mémoires du Baron de Tott (t. III, p. 39-97), qui avait été envoyé pour les fortifier contre les Russes. J’aurais attendu des détails plus exacts d’un acteur principal ; mais il paraît écrire pour l’amusement plutôt que pour l’instruction de ses lecteurs. Peut-être, à l’approche des Arabes, le ministre de Constantin s’occupait-il, comme celui de Mustapha, à trouver deux serins qui chantassent précisément la même note.