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miers Romains justement transférée aux vainqueurs de la nouvelle Rome, et la richesse des nations déposée dans cette ville si favorablement située pour être à la fois le centre du commerce et le siége du gouvernement. Le calife Moawiyah, après avoir étouffé ses rivaux et affermi son trône, voulut expier, par le succès et la gloire de cette sainte expédition, le sang des citoyens versé dans les guerres civiles[1]. Ses préparatifs sur mer et sur terre égalèrent l’importance de l’objet ; le commandement fut confié à Sophian, vieux guerrier ; mais les troupes furent animées par la présence et l’exemple d’Yezid, fils du commandeur des fidèles. Les Grecs avaient peu de chose à espérer, et leurs ennemis peu de chose à craindre du courage et de la vigilance de l’empereur, qui déshonorait le nom de Constantin, et n’imitait d’Héraclius son grand-père que les années qui avaient terni sa gloire. Les forces navales des Sarrasins traversèrent, sans être arrêtées et sans rencontrer de résistance, le canal de l’Hellespont, qu’aujourd’hui même les Turcs regardent comme le boulevart naturel de la capitale[2]. La flotte arabe jeta l’ancre.

  1. Voyez sur le premier siége de Constantinople, Nicéphore (Breviar., p. 21, 22) ; Théophane (Chronograph., p. 294) ; Cedrenus (Compend., p. 437) ; Zonare (Hist., t. II, l. XIV, p. 89) ; Elmacin (Hist. Saracen, p. 56, 57) ; Abulféda (Annal. Moslem., p. 107, 108, vers. Reiske) ; d’Herbelot (Biblioth. orient., Constantinah) ; Ockley (Hist. of the Saracens, vol. II, p. 127, 128).
  2. On trouvera l’état et la défense des Dardanelles dans